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Qu’est-ce qu’une contrepèterie ? Exemples…

contrepeteries

La langue française est, paraît-il, une des plus belles au monde, que beaucoup d’étrangers portés sur l’étude des langues nous envient. Mais en y regardant d’un peu plus près, c’est aussi une des plus compliquées. En effet, il n’est souvent pas simple d’apprendre le français de par ses difficultés en matière de grammaire et de conjugaison. Mais il y a bien d’autres choses qui peuvent facilement piéger les candidats à l’étude de la langue française, comme l’homophonie, l’homographie, et la paronymie. Ajoutez à ces difficultés l’apport du vieux français, de certaines distinctions orales entre diverses régions du nord et du sud, l’emploi de l’argot et les contrepèteries, et vous serez vite perdu dans ce labyrinthe linguistique. Mais au fait, c’est quoi une contrepèterie ?

Définition de la contrepèterie

Pas si simple que ça à démasquer dans une phrase ou une suite de mot, la contrepèterie existe bel et bien, surtout dans l’univers littéraire, même si on aurait tendance à ne plus trop l’utiliser depuis quelques décennies déjà. Si généralement on a déjà entendu parler de contrepèterie, en revanche peu de personnes en connaissent la définition exacte. D’après le dictionnaire, il s’agirait d’une interversion de lettres dans deux mots qui se suivent, donnant un sens burlesque voir obscène à cette suite de mots.

Plus clairement, le contrepet est donc un jeu de mots assez subtil qui consiste à décaler certaines syllabes d’une phrase ou d’une suite de mots pour en obtenir une nouvelle qui soit plus indécente, mais toujours masqué par l’innocence de la phrase initiale. Voici un exemple concret de contrepèterie sorti tout droit de l’esprit du grand écrivain Rabelais : en effet, sous sa plume « Femme folle à la messe » devient « Femme molle à la fesse ». C’est une vraie contrepèterie, et présentée ainsi, tout le monde devrait maintenant mieux en saisir le sens et la définition.

Les faiseurs de contrepets

Pour certains spécialistes de la langue française, comme le renommé Joël Martin, la contrepèterie serait « L’art de décaler les sons que débite notre bouche ». Définition exacte et joliment écrite, qu’il s’est lui-même amusé à détourner en contrepèterie. Ainsi la phrase devient « L’art de dessaler les cons que débouchent notre bite ». En contournant la première phrase et en inversant les syllabes, il obtient donc un vrai contrepet indécent et quelque peu obscène. Il faut dire que Joël Martin est un spécialiste en matière de contrepèterie, et qu’il a publié plusieurs ouvrages à ce large sujet, qui reste encore une énigme linguistique pour beaucoup d’entre nous.

Il n’est pas le seul à pratiquer l’Art du contrepet, ainsi, d’autres confrères ou écrivains comme Frémion, Barjavel, Boris Vian, San Antonio ou même Hergé l’ont à un moment donné utilisé dans une de leurs œuvres.

L’Art de la contrepèterie

Ludique et subtil, car il possède de l’humour décalé et souvent légèrement caché, l’Art de la contrepèterie réside dans le fait de jouer avec notre intelligence et notre imagination. En effet, il faut avoir un esprit fort ouvert sur les mots et leurs significations pour déceler le contrepet avec succès et rapidité.

Encore plus redoutable, l’Art du contrepet est bien plus efficace quand il nécessite la participation de trois personnes. Ainsi, une de ces trois personnes formule la contrepèterie, la seconde en comprend le sens, et la troisième n’y comprend strictement rien. Alors, le plaisir ressenti par les deux premiers n’en sera que plus fort face à la non-compréhension du troisième. C’est une situation cocasse qui a déjà été utilisée dans certains livres, chansons ou films.

Les plus célèbres contrepèteries

Considérée par certains comme une finesse d’esprit dotée d’humour au travers du langage, la contrepèterie a un lourd passé. Exploitée depuis toujours par les plus grands écrivains et auteurs, elle a vécu ses heures de gloire et est aujourd’hui malheureusement en voie de disparition. Néanmoins, certaines phrases restent célèbres et incontournables. En voici d’ailleurs cinq des plus subtiles et incontournables :

« J’ai fait le bossu cocu – J’ai fait le beau cul cossu » de Victor Hugo

Comme quoi, même les plus grands écrivains dits classiques savaient jouer avec les mots et utiliser l’humour pour détourner les esprits.

« C’est pas du port-salut, c’est du pur-salaud ! » de Frédéric Dard

C’est une évidence que le créateur du burlesque personnage San Antonio soit passé par quelques contrepèteries de bon goût.

« Pour nous, l’acclaire est faire, n’est-ce pas Dupont ? » de Hergé

Quand le plus célèbre dessinateur de bande dessinée s’amusait lui aussi avec la contrepèterie dans « Les bijoux de la Castafiore ».

« Il court, il court le furet – Il fourre, il fourre le curé. »

Libre adaptation en contrepèterie d’une célèbre comptine.

« Qui veut la peau de Roger Rabbit ? – Qui veut la bite de Roger Rapeau ? »

Célèbre contrepèterie tirée du titre de l’œuvre cinématographique.